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Prise de parole du président Macky Sall -Le temps des derniers plans pour sauver sa peau ? (Mamadou NDIAYE)

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 23 Février 2024 à 04:04 modifié le Mardi 27 Février 2024 - 15:52

Conformément à la programmation rendue publique quelques heures auparavant, le président Macky Sall a fait face aux Sénégalais via une séance solennelle de questions réponses assurée par des journalistes mandatés par quatre organes de presse triés sur le volet (sur des bases que la Communication du Palais n’a pas estimé nécessaire d’expliquer, et à tort !). La montagne de l’interview, qui a duré un peu plus de 40 minutes, a accouché d’une souris, selon beaucoup d’acteurs politiques. Et pour cause.


En fait, la déclaration la plus attendue de ce face-à-face avec une certaine presse c’était celle relative à la désignation d’une date précise pour la tenue de l’élection repoussée in extremis pour raison de crise grave et quasi inédite entre le Législatif et le Judiciaire. Or donc, tel n’aura point été le cas, car le très nuancé futur ex président du Sénégal a, dès l’entame de son propos, lié la détermination de cette date tant convoitée à la tenue d’un dialogue foncièrement inclusif et dont il voudrait qu’il se tienne de façon très imminente (au plus tard lundi prochain).

Dialogue inclusif : l’astuce pour rebattre les cartes ?

L'actuel locataire du convoité Palais Présidentiel a beaucoup insisté sur la nécessité de « son » dialogue. Lequel dialogue permettrait, selon lui, de recueillir les avis des différents acteurs du jeu politique afin de retenir une date qui soit la plus consensuelle possible. Pourtant le président sait parfaitement bien qu’une décision allant dans le sens de proclamer la date de l’élection aujourd’hui même (hier) aurait été accueillie par des acclamations nourries. Deux raisons selon nous expliqueraient le retardement d’une telle date, tellement attendue. La première est que le chef de l’Etat semble vouloir coûte que coûte réintégrer le sieur Karim Wade dans la course.
L’autre raison (et non des moindres) est que même si celui qui tient les manettes du pouvoir Exécutif s’est montré totalement disposé à reconnaitre (comme la Constitution le stipule) la date du 02 avril comme l’échéance ultime de son magistère, il ne semble pas animé par le même engagement pour ce qui concerne la libération du pouvoir dès la survenue de cette expiation. En tout cas c’est bien cette contradiction d’ampleur cornélienne qui ressort de son propos lorsqu’il précise à l’attention d’un des journalistes ce qui suit : « Il ne peut y avoir de successeur tant qu’il n’y a pas d’élection. Il faut qu’il y ait une élection pour que le processus électoral arrive à son terme et qu’on élise un président de la République, qui entre en fonction, qui prête serment devant la Conseil constitutionnel. En ce moment, le président en exercice fait la passation ».

Qu’est-ce qu’une telle précision procédurière peut bien vouloir signifier si ce n’est que, même si l’actuel président qu’il est le voulait, il ne pourrait pas partir à la date du 02 avril, étant entendu que, de toute façon, en attendant que le nouveau soit installé, le poste ne peut point être laissé vacant ? Une telle éventualité est certes une zone de non droit, mais dans l’absolu, il reste un raisonnement très solide que le « Macky » pourrait valablement présenter lundi à ses éminents « hôtes » pour les contraindre à prolonger son séjour à la tête de l’Etat pour quelques semaines encore, au-delà du 02 avril.
Mais à quelles fins ? Cette question nous semble d’autant plus opportune que, de toute façon, il pourrait y avoir possibilité d’éviter cette vacance du pouvoir en installant le président de l’Assemblée pour assurer la transition entre le 02 avril et l’horizon de la prestation de serment du prochain président.

Pour revenir sur le cas Karim Wade comme sujet électoral nécessaire au programme du dialogue, l’observateur attentif est d’autant plus fondé à croire que Macky tient à sa réintégration que, lorsqu’un des journalistes lui a demandé s’il va falloir conserver la liste des candidats déjà établie par Conseil constitutionnel, il a laissé entendre que ça va se discuter et que ses illustres invités se détermineront pour dire si oui ou non les recalés doivent revenir dans la course.
En fait, le seul fait de laisser entrevoir une telle éventualité prouve à suffisance que le « Macky » aurait sans nul doute partie gagnée dans la reprise du processus. Pourquoi pas ? Par exemple, se payer la tête du contesté candidat de la majorité (Amadou BA en l’occurrence) en créant un autre candidat vers qui orienter l’électorat de « Benno Bokk Yaakar » ; qui, comme on le sait, dans son écrasante majorité, a en réalité si peu de sympathie envers le premier Ministre ?

La très lyrique prêche du « Macky » en faveur du pardon
Les vrais dessous d’une homélie

Dans l’intervention du président, il a beaucoup été question de termes fortement marqués comme « tolérance », « pardon », « amnistie ». Il est revenu sur les instructions fermes adressées à son Garde des Sceaux et devant consister à appliquer le processus de libération au plus grand nombre de Sénégalais étant dans les liens de la prévention pour des raisons liées aux violents troubles politiques de ces trois dernières années. Mieux encore, il s’est arrangé du mieux qu’il pouvait (aidé en cela par les relances des journalistes) pour montrer sa totale disponibilité à étendre cette mesure de clémence aux illustres détenus que sont Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Et, chemin faisant, tenez-vous bien, monsieur le président y est même allé d’une série de révélations fracassantes, comme celle-là qui concerne Ousmane Sonko, avec qui de qui il a clairement avoué pris langue via des émissaires. Initiative qui, de son aveu, ne remontent pas à aujourd’hui. Elle aurait en effet pris globalement le temps qu’il fallait que ça prenne, conformément à son attachement notoirement connu pour le dialogue.
Monsieur le président, c’est clair donc, est animé par une ferme volonté de se débarrasser de ce prisonnier trop encombrant avant de céder le pouvoir. Pourquoi ? Eh bien parce partir du pouvoir en laissant un monstre sacré derrière les barreaux ne serait ni plus ni moins qu’un risque inconsidéré qui va forcément lui coûter bien trop cher. Pour dire donc que le « Macky » avance à reculons vers la porte de sortie avec en bandoulière le pari de ne guère trainer derrière lui cette soif de vengeance dévastatrice qui habite son « meilleur » ennemi.

Il faut dire que dans le sens de l’exploration de cette initiative (qu’il qualifie avec une insistance inconcevable de solution d’apaisement), le président ne semble vouloir se fixer aucune limite. En effet, il a ouvertement agité l’idée d’une loi d’amnistie, qui permettrait in fine de traiter avec une égale mansuétude tous les auteurs de crimes graves (du côté de l’opposition radicale comme du côté du pouvoir). On oublie tout. On efface tout. On met le feu sur les sombres étendues du Souvenir, celui lié à tant de meurtres atroces et gratuits durant tous les douze années qu’a duré le règne du « Macky ».
Cette volonté affichée a déjà soulevé des vagues d’indignation, et selon toute vraisemblance, ce sentiment traumatique est parti pour s’amplifier. La raison est toute simple : Macky ne peut aucunement profiter d’une telle loi pour partir à la retraite blanchi comme neige.


Clin d’œil à la communauté internationale. Pique à la presse étrangère

Interrogé sur le sentiment que lui inspire le matraquage médiatique dont le Sénégal est l’objet ces derniers jours de la part d’une certaine presse étrangère, le président a dit toute sa désolation par rapport à cette manière trop cavalière et excessive de présenter le Sénégal comme un pays où s’exprime une tension inédite. Il pense qu’un traitement tendancieux et borné de l’actualité du Sénégal est mal placé et l’a ouvertement condamné.
En revanche, il a diplomatiquement rappelé à la communauté internationale, particulièrement aux bailleurs qui ont accompagné le Sénégal durant 12 ans grâce à son entregent, de continuer à agir de la sorte, aux côtés de celui qui va le remplacer. Car in fine, c’est le Sénégal qui doit continuer à profiter des bienfaits de tous les partenariats salutaires.
Il est tout de même de bon ton de se demander si le chef de l’Etat doit s’offusquer du traitement tendancieux de l’actualité politique au Sénégal, clairement sous tendues par des raisons inavouées. Car de toute façon, en 2011, c’est avec la même hargne que cette même presse encensait le candidat qu’il était et diabolisait son maitre en politique le président Abdoulaye Wade.
S’y ajoute qu’à chaque fois que le « Macky » a eu des déclarations très importantes à faire, c’est bien à cette presse fumiste qu’il a cru devoir en réserver la primeur.
Eh oui, c’est monstrueusement triste quand les mouches décident un jour de changer d’âne !!!



njaydakarposte@gmail.com

Mamadou Ndiaye, Dirpub dakarposte.com

 

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